Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/02/2013

article Sud Ouest sur Noël BONNIEU

 

 Merci à David Patsouris, pour cet agréable échange.

Publié le 07/02/2013 à 06h00
Par david patsouris

 

« L'arbitre est gendarme, juge et Casque bleu »

Noël Bonnieu, conseiller municipal testerin, a été pendant trente ans arbitre sur tous les terrains de foot d'Aquitaine. Il vient de raccrocher. Témoignage d'un passionné.

Noël Bonnieu : « J'ai toujours temporisé, je n'ai jamais été un gros cartonneur, je calmais, je rappelais à l'ordre. Sinon, sur la pelouse, je parlais peu. »

Noël Bonnieu : « J'ai toujours temporisé, je n'ai jamais été un gros cartonneur, je calmais, je rappelais à l'ordre. Sinon, sur la pelouse, je parlais peu. » (photo d. P.)

Ce dimanche après-midi à Gujan-Mestras, la pelouse de Chante-Cigale prend l'eau sous la pluie. L'équipe C du FC BAS aussi, face aux Médocains de Salaunes. Avant le match, le capitaine du FC BAS avait gueulé : « Allez les gars ! On va pas se laisser emmerder hein ! » Comme quoi, des fois, vaut mieux rien dire, même si c'est un match du dimanche, avec des joueurs du dimanche et bien sûr un arbitre du dimanche.

Sous le toit du club-house, le Testerin Noël Bonnieu reste bien au sec. Et ça le change. Il en a tant connu des samedis et des dimanches à arbitrer sous la pluie. Une bonne trentaine de saisons avant de raccrocher les crampons (et le short et le maillot et le sifflet) en juin.

Il doit nous raconter cet après-midi ces trente ans d'arbitrage amateur, ces centaines et ces centaines de matchs sans Beckham ni Zidane ni Zlatan, ces publics des fois éteints par le score et des fois hurlant comme les cinquantièmes du Pacifique, ces footeux qui l'insultent et ces joueurs qui le félicitent, à la fin du match, parce que bon, ça s'est bien passé.

Casque bleu est une vocation

Il en faudrait des pages et des pages pour tout dire. Il faudrait rappeler le premier souvenir d'une vocation qui naît : « C'était un match je sais plus où dans le Médoc, avec le FCT, le Football-Club Testerin, en juniors. On s'était fait voler le match par le bénévole de l'équipe d'en face qui arbitrait. Et ce jour-là, j'ai eu le déclic, je me suis dit qu'un arbitre, même mauvais, devait d'abord être impartial. Que l'important, c'était la justice. » Et c'est ainsi que Noël est devenu arbitre.

Il faudrait faire comprendre ce qu'est le plaisir pour un arbitre : « Que le match se déroule de façon équitable. On peut être nul. Je l'ai été parfois mais il ne doit pas y avoir de parti pris. » Et là, il faudrait raconter cet incroyable souvenir : « Une fois, en raison d'une erreur dans les désignations, j'ai arbitré mon petit frère qui jouait en Première à Arcachon avec tous mes copains d'enfance. Et sur le terrain, j'ai vouvoyé mon petit frère et lui m'appelait Monsieur l'arbitre ! » Il faudrait tourner les pages du Manuel d'épictète afin de comprendre le stoïcisme de Noël sur la pelouse : « ça en désarme plus d'un. On peut m'insulter, ça glisse. Rien ne me perturbe, et surtout pas un supporteur qui me gueule dessus. Ma femme ne supportait pas d'entendre les mecs m'insulter. Mais moi, quand j'entre dans le match, je n'entends plus rien. »

Il faudrait aussi parler de politique. Parce que l'arbitre, au stade, est bien plus qu'un maire ou qu'un député. Il pèse sur ce petit monde à pelouse, il ordonne et préside et régit la société des joueurs afin que règne une certaine paix : « L'arbitre est le gendarme, le juge et le Casque bleu. C'est un pouvoir énorme et une grande responsabilité. L'arbitre peut faire en sorte que les choses se passent bien. Enfin, nous avons un rôle utile dans la société. »

Quand l'opéra s'en mêle

Il faudrait aussi longuement disserter sur le sifflet, sur les pouvoirs du sifflet dans la bouche : « J'utilisais un sifflet fox, sans roulette. On module. Il n'y a pas que la loi, il y a l'esprit. Alors un petit coup pour une petite faute, un grand bref et perçant pour une grosse. Le sifflet est une arme psychologique. »

Il faudrait distiller des anecdotes comme celle-ci : « En cadets nationaux, j'ai arbitré les Girondins et Dugarry a fait une percée monumentale, il se fait accrocher, je laisse l'avantage et malheureusement il perd la balle après. Et de suite, il hurle et vocifère contre mon arbitrage. Je ne sors que le jaune mais aussitôt, son coach le sort carrément du terrain, pour ça. »

Il faudrait aussi parler de ces bénévoles croisés sur les stades, ces papys et ces mamies qui, contre rien, lavent les maillots, font le café, rincent les sols et comptent les entrées. Il faudrait ne pas oublier son épouse qui n'a pas connu des masses de week-ends en famille : « Elle m'a rencontré alors que j'étais déjà arbitre. Alors on a organisé notre vie comme ça. » Il faudrait aussi dire que son fils est aujourd'hui devenu à son tour arbitre. Il faudrait détailler le palmarès de Noël, ces finales de District, d'Honneur, et même des matchs du premier championnat de France des opéras à Bordeaux-Lac en 2010.

Oui, il faudrait, mais il n'y aurait alors pas assez de pages…

 
 

Les commentaires sont fermés.