« Les parachutés vont remplacer les locaux »
Pourquoi vous insurgez-vous contre ce projet de loi ?
Jacques Mézard : Sénateur radical de gauche du Cantal, président du groupe RSDE
Nous considérons que ce texte est une imposture. Nous avions, avec le Rassemblement démocratique et social européen (RDSE, à majorité Parti Radical de Gauche) depuis longtemps proposé un texte interdisant le cumul des indemnités, car il y a une confusion dans l’opinion publique entre cumul des mandats et cumuls des indemnités. Ce texte « oublie « aussi les cumuls « horizontaux : ainsi, Martine Aubry peut être à la fois maire de Lille, présidente de la communauté d’agglomération, présidente d’une quantité de SEM… alors qu’on interdirait à un parlementaire d’être le maire d’une commune de 30 personnes ! Et personne ne s’intéresse au cumul professionnel : parlementaire et également médecin, chef d’entreprise, avocat…
Quelle est la logique de tout cela ?
Cette loi a quel but selon vous ?
Le vrai but ? C’est de remplacer les élus locaux par des parachutés ! Les gens enracinés par une génération de professionnels, qui ont été assistants parlementaires et qui deviennent parlementaires. C’est la mise en place d’une nomenklatura. Regardez les écologistes : les trois présidents de groupe ont fait leur carrière comme assistants parlementaires et leurs conjoints sont parlementaires…
Que craignez-vous à terme ?
L’extinction progressive du Sénat ! Le Sénat doit assurer la représentation des collectivités locales… Mais comment pourra-t-il le faire quand il n’y aura plus de maires parmi les sénateurs ? On assiste là à une dérive constitutionnelle et un renforcement de l’hyperprésidentialisation du régime. On n’aura plus d’opposants forts dans les régions, pour faire contre-pouvoir. Tout cela va aboutir à une caporalisation du Sénat. Et qui plus est, tout cela est fait sur fond de populisme : on dénonce « les cumulards qui font de la résistance » : c’est très démagogique, et d’ailleurs, on voit que le Front National est tout à fait d’accord avec cette loi ! Tout ceci n’est pas à l’honneur du gouvernement ni du PS.
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