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03/09/2009

Congrès National de la Libre Pensée...

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Le Congrès national de la Libre Pensée s'oppose à toute
législation interdisant le port de vêtements religieux dans la vie
privée

À l'occasion de son Congrès national réuni en Savoie du 24 au
26 août 2009, la Fédération Nationale de la Libre Pensée
tient à rappeler ses positions de principe quant à la
laïcité institutionnelle, et au respect des libertés
démocratiques fondamentales qui garantissent le respect de la vie
privée des citoyennes et citoyens de ce pays. Une campagne
médiatique d'importance a débuté à la fin du mois de juin,
à partir de l'initiative d'un député du PCF, rejoint par une
majorité de députés de droite, pour stigmatiser le port de la
burqa et du niqab en dehors de l'École publique, de l'Administration
et des autres services publics. Cette démarche a été entendue
et amplifiée par le Président de la République dans son
discours devant le Congrès à Versailles. Rappelons que Nicolas
Sarkozy ne nous avait pas habitués à se parer des vertus de la
défense de la laïcité. Bien au contraire, puisqu'il insiste
depuis des années sur la « nécessaire place » des religions
dans la société et la vie publique. Une mission d'information
parlementaire devrait remettre un rapport sur cette question.
Qu'est-ce que la laïcité ? La laïcité n'est pas une
philosophie ni un art de vivre, c'est un mode d'organisation politique
des institutions. Elle vise, par la séparation des Églises et de
l'État (loi de 1905), à distinguer institutionnellement le domaine
de l'Administration et des services publics du domaine privé de la
vie des citoyens. La laïcité, comme principe politique
d'organisation, s'applique aux institutions et non aux individus.C'est
cette claire distinction, mise en œuvre par la loi sur la liberté
d'association du 1er Juillet 1901, et par la Loi du 9 décembre 1905
qui garantit la non-ingérence des conceptions métaphysiques dans
le domaine public pour mieux garantir la liberté d'opinion et de
comportement dans le domaine privé. Dans cette acception, il est
logiquement républicain et laïque d'interdire tout signe
d'appartenance religieux à l'École publique et pour les agents du
service public. C'est ce qu'ont fait la loi Goblet de 1886, la loi de
1905 et les circulaires Jean Zay de 1936 et 1937. En revanche, la loi
n'a pas à dicter les modes vestimentaires dans le domaine privé,
ou tout autre comportement, tant que ceux-ci ne sont pas une menace pour
la vie d'autrui.
On ne combat pas un totalitarisme en le remplaçant par un autre. Il
est indéniable que le port imposé de la burqa ou du niqab est un
symbole de l'oppression. Mais en quoi le port de la soutane pour les
prêtres, de la robe de bure pour les moines, de la robe et de la
cornette pour les religieuses, du schtreimel, du spodik ou du caftan
pour certains juifs est-il moins oppressif que le port de la burqa pour
certaines musulmanes ? Rappelons que ce sont toujours les dictatures qui
ont voulu imposer un mode de vie et des modes vestimentaires. En 1872,
le tsar Alexandre II a interdit, en Pologne, alors sous occupation
russe, le port des papillotes et des longs manteaux (costume
traditionnel) pour les juifs. Le Code civil de Napoléon Ier
interdisait le port du pantalon pour les femmes. De 1967 à 1974, la
Grèce des colonels a interdit les cheveux longs et la minijupe.
L'Histoire regorge de ces tentatives totalitaires de vouloir régenter
la vie des gens. « Lorsque le fanatisme est mis au service d'une
cause ignoble, on peut le regretter, on doit le combattre, mais on peut
le comprendre – intellectuellement –, car on est dans un
système cohérent où les causes et les effets, les objectifs et
les moyens, correspondent comme dans un puzzle parfaitement ajusté.
Mais lorsque le fanatisme est mis au service d'une cause, la plus noble
soit-elle, il dégrade et disqualifie ipso facto cette cause dont il
prétend servir la promotion. Pourquoi ? Parce que l'être humain
est un être complexe, capable de massacrer ses contemporains au nom
de l'amour, de les enchaîner au nom de la liberté, de les rendre
fous au nom de la raison et, en somme, de faire régner la terreur au
nom de la vertu » (Alain Graesel, ancien Grand Maître de la Grande
Loge de France). La burqa, la soutane, le caftan, sont des tenues
imposées pour uniformiser la vie de ceux qui les portent, et «
tout uniforme est une livrée » (Ferdinand Buisson). Pourquoi,
dès lors, distinguer entre les oppressions vestimentaires ? Pourquoi
interdire l'une et autoriser les autres ?
Défendre les libertés démocratiques « La liberté, c'est
toujours défendre la liberté de celui qui pense autrement »
(Rosa Luxembourg). On va commencer par interdire tel vêtement, et
demain où cela s'arrêtera-t-il ? Il fut une époque où il
était interdit de s'embrasser dans la rue. Va-t-on nous faire tous
marcher au pas de l'oie ? Nous sommes dans une société qui ferait
apparaître le régime de Big Brother d'Orwell pour un jardin
d'enfants. Nous sommes fichés, surveillés, contrôlés,
inspectés, fouillés en permanence. Par les systèmes
informatiques, les possesseurs de la puissance électronique et du
pouvoir politique peuvent tout savoir sur nous. Il y avait, sans doute,
moins de risque, pour la confidentialité de ses opinions, à
écouter Radio-Londres en 1942 qu'à surfer aujourd'hui sur
Internet. Et l'on va nous dire ce qui est autorisé ou pas comme
vêtements ? Insidieusement, par cette campagne médiatique,
certains forgent un ordre moral qui n'ose pas dire son nom. On entre de
plain-pied dans le politiquement correct et la pensée unique. On
cherche à formater la société.
Après le délit de sale gueule, va-t-on avoir le délit de sale
vêtement ? C'est une conception néo-totalitaire. Rappelons qu'en
1905 ce type de débat a déjà eu lieu. Fallait-il une Loi de
Séparation des Églises et de l'État, ou une loi de destruction
des religions ? Le débat politique était clairement posé :
État laïque ou État athée ? La Libre Pensée s'est
retrouvée très majoritairement, avec Jean Jaurès, dans la
proposition d'Aristide Briand pour une séparation : « Une loi n'a
jamais pu, heureusement, réussir à réduire, ni les individus,
ni les groupements d'individus, encore moins leur pensée, à
l'impuissance. Une telle loi qui se proposerait un tel but ne pourrait
être qu'une loi de persécution et de tyrannie. » Fidèle à
cette tradition démocratique, la Fédération Nationale de la
Libre Pensée examinera les conclusions de la mission parlementaire
d'information et, à partir des principes ci-dessus énoncés,
formulera alors ses conclusions publiquement.

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