Elevée dans un milieu bourgeois juif et
républicain, elle passe clandestinement son brevet à l'âge de 17 ans, contre la
volonté de son père. En 1899 elle épouse le philosophe Léon Brunschvicg qui, en
tant que membre de la Ligue des Droits de l'Homme, l'encourage à militer pour le
droit des femmes. A cette époque, la proclamation de la République en 1848 et la
restauration du suffrage universel réactivent le débat et les actions pour
l'égalité des droits civiques. Il faut savoir que jusqu'en 1907, les femmes
mariées ne peuvent disposer de leur salaire et que ce n'est qu'en 1920 qu'elles
peuvent adhérer à un syndicat sans autorisation maritale.
Cécile Brunschvicg commence donc par militer en
1909 à l'Union Française pour le Suffrage des Femmes (UFSF), dont elle devient
présidente en 1924 jusqu'en 1946, ainsi qu'au sein de la section Travail du
Conseil National des Femmes Françaises (CNFF), qu'elle préside également dès
1915.
Son engagement féministe est avant tout un
engagement républicain et patriote, marqué cependant par une forte dimension
internationale puisqu'elle participe à d'autres associations comme le Conseil
International des Femmes et l'Alliance Internationale des Femmes pour le
Suffrage des Femmes.
Se revendiquant d'un féminisme qui prône non pas
la séparation mais bien la collaboration entre les sexes, elle défend par
exemple l'école mixte. A ce titre, elle appartient à la tendance dite «
réformiste » du féminisme qui vise à l'amélioration de la condition féminine par
des aménagements de la législation, par opposition au courant « radical »
inauguré par Simone de Beauvoir en 1949, qui met en cause cette fois, le système
patriarcal dans son ensemble.
C'est pourquoi, dans le cadre de la conquête des
droits sociaux de la première moitié du XXème siècle, Cécile Brunschvicg défend
l'idée d'une législation spécifique en ce qui concerne le droit du travail des
femmes et son amélioration. Elle se bat pour la syndicalisation des femmes et
l'égalité des droits au travail entre hommes et femmes : égalité des salaires,
accès à toutes les professions, refus de toute entrave au travail des mères...
Son intérêt se porte également très tôt sur
l'action sociale en faveur des femmes et l'amène à créer l'Ecole des
surintendantes d'usines en 1917 (Future école formant les assistantes sociales),
à défendre une législation protectrice de la maternité et la progression des
conditions faites aux femmes indigènes colonisées.
Après la première guerre mondiale, Cécile
Brunschvicg s'investit dans le mouvement pacifiste et participe à la création de
l'Union Féminine pour la Société des Nations.
Influencée par les positions défendues par les
radicaux sur ce sujet, elle adhère, dès son ouverture aux femmes en 1924, au
Parti radical qui constitue en quelque sorte sa famille
politique naturelle. Nommée Vice-présidente de la section sociale du parti, elle
démontre par son action la valeur d'expertise des femmes dans ce domaine.
La presse constitue également une voie d'action
stratégique pour Cécile Brunschvicg qui reprend la direction de l'hebdomadaire «
La française » en 1926. En 1929, elle présente sa candidature aux élections sous
l'étiquette du CNFF, en même temps que d'autres militantes et participe
activement aux États généraux du féminisme en 1929.
Se distinguant par ses compétences
professionnelles et son combat pour l'extension du droit des femmes dans la
société, elle fait partie en 1936, des trois premières femmes nommées au
gouvernement par Léon Blum et occupe le poste de sous-secrétaire d'Etat à
l'Education nationale. Il s'agit alors d'une avancée majeure pour les féministes
car à cette époque, la France est encore l'un des rares pays européens à ne pas
avoir accordé le droit de vote aux femmes et l'article 215 du Code civil qui
consacre l'incapacité civile de la femme mariée, n'est toujours pas aboli.
Au sein du parti radical, sous la pression des
féministes, les positions évoluent et le parti se prononce en faveur de
l'émancipation civile. Ainsi, René Renoult, sénateur qui compte parmi les
fondateurs du parti radical, devenu garde des Sceaux à la suite de Camille
Chautemps en 1933, défend au nom du gouvernement devant la Haute Assemblée,
l'annulation de l'incapacité de la femme mariée et la réforme des régimes
matrimoniaux. Mais il faut attendre 1938 pour qu'une loi mette définitivement
fin à cet article 215 et 1944 pour que les femmes votent pour la première fois.
Après avoir fui les persécutions nazies pendant
la guerre, Cécile Brunschvicg reprend ses activités féministes dès la libération
et reconstitue l'Union pour le vote des femmes. Enfin en 1946, elle assiste une
dernière fois au congrès du parti radical en tant que Présidente d'honneur du
Conseil National des femmes radicales socialistes.
Décorée de la légion d'honneur en 1937, en
récompense pour ses activités patriotiques et sociales, Cécile Brunschvicg aura
fait du combat féministe le combat de sa vie, recherchant par tous les moyens
l'intégration des femmes au sein de toutes les sphères de la vie publique.
Agissant au cours d'une période charnière de l'histoire du féminisme, la grande
diversité de ses engagements et sa détermination en font une des grandes figures
de la vie politique et sociale du XXème siècle.
Commentaires
Journée de deuil pour moi. Jean Ferrat s'en est allé... Beauté de la voix, courage des idées, force des mots, engagement politique, Jean Ferrat EST ma pensée, mon combat, mon credo ! Jeunes d'aujourd'hui, mes amis écoutez en entier une de ses chansons ! Ta voix, Jean bercera le temps qu'il me reste à vivre, ton engagement sera mien !
http://www.facebook.com/home.php#!/profile.php?id=1608735618
Écrit par : Jean-Pierre Lafon | 14/03/2010
Les commentaires sont fermés.